Le taux de cotisation AT/MP (le pourcentage de la masse salariale versé pour couvrir les réparations de la CARSAT suite à ses accidents de travail et maladies professionnelles) peut rapidement s’avérer une incitation à progresser… Sans compter qu’en termes de santé et sécurité au travail, la loi prévoit que l’employeur a non pas une obligation de moyens mais une obligation de résultats : si sa faute est reconnue, il peut être amené à financer une majoration de rente ou la réparation de préjudices…
Côté pénal, l’employeur (ou toute personne dont la faute serait une des causes du dommage) encourt en cas d’accident grave jusqu’à 5 ans de prison s’il est établi qu’il n’a pas accompli les diligences normales de prévention.
Heureusement, la tendance commence à s’infléchir, et aujourd’hui les chefs d’entreprise entrevoient dans la sécurité au travail plus qu’une simple contrainte.
Malgré les progrès constants réalisés depuis des décennies, 20 personnes décèdent encore chaque semaine en France d’un accident du travail ou des suites d’une maladie professionnelle. La nouvelle responsabilité sociétale des entreprises illustre l’évolution de valeurs de notre société : au-delà de la Loi, c’est aussi sa responsabilité éthique qui motive le chef d’entreprise à garantir l’intégrité physique et morale de ses employés.
De plus en plus de chefs d’entreprise entament également une démarche sécurité dans une optique de recherche de performance globale. Ils ont compris qu’un manager qui a de bons résultats sécurité a aussi de bons résultats qualité, respecte ses délais, maitrise ses coûts. D’ailleurs, les clients aussi l’ont compris : aujourd’hui pour auditer un fournisseur et l’efficacité de son management, on audite souvent non seulement le système qualité, mais aussi le système de management de la sécurité.
Quels conseils donner à un décideur qui souhaiterait développer la culture sécurité de son entreprise ?
Mon premier conseil serait de ne pas déléguer le leadership de la démarche. Si le leader, qui incarne la vision de l’entreprise n’est pas lui-même le porte-étendard de la démarche, avec engagement personnel, exigence et exemplarité, il y a peu de chances que les progrès soient pérennes. Trop de patrons délèguent cette difficile mission à leur responsable de production, à leur DRH, voire même à un intervenant externe, en pensant que former les opérateurs à la prise de conscience des risques aura l’impact recherché. Le succès réside dans une approche « top-down » avec une vision sécurité incarnée au plus haut niveau.
Deuxième conseil, ne considérez pas que la sécurité n’est qu’une question de technique et de système de management. Obtenir une certification MASE, OHSAS 18001 ou autre, est certes une étape dont vous pourrez vous féliciter, mais le travail sur la compréhension des comportements est absolument nécessaire pour pérenniser une démarche de progrès continu vers le zéro accident. Pour la sécurité comme pour le reste, la culture de votre entreprise est « l’ensemble des manières de faire est de penser partagées par l’ensemble de ses acteurs ». Si les manières de faire sont visibles, les manières de penser sont plus difficiles à capter : il s’agit de faire la lumière sur les valeurs et les croyances, issues de l’histoire, des succès et difficultés, fiertés et déceptions vécues par vos équipes. Or, c’est de loin cette partie invisible, a fortiori difficile à percevoir pour qui fait partie du système, qui a le plus d’impact sur les comportements. D’où un troisième et dernier conseil : ne cheminez pas seul, faites- vous accompagner sur le diagnostic de votre culture sécurité et la conception de la feuille de route.
Frédérick Wallart a travaillé plus de 20 ans dans l’industrie. Il a aujourd’hui changé son casque d’ingénieur pour la casquette du coach, et a créé Tispego pour aider les entreprises à développer la culture sécurité. Il accompagne en particulier les managers, collectivement et individuellement, autour de l’impact du leadership sur les comportements, pour une réduction durable des accidents de travail.
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